Drôle de « t’chi clowns » au Caveau

Article du Progrès (2002). (cliquez sur le titre de l’article pour accéder à la copie originale)

Pour sa dixième saison au Caveau Magenta, Edmond Morsilli et sa compagnie « les clowns du léger bagage » invitent le public et d’éventuels stagiaires à découvrir une nouvelle manière de faire le clown.

Depuis 1993, c’est en terre villeurbanaise, au sein d’une friche industrielle, qu’Edmond Morsilli, acteur et metteur en scène, a choisi de « faire le clown ». Ni Auguste, ni clown blanc, plutôt Pierrot lunaire, il a créé cette année là la compagnie « Les clowns du Léger Bagage ». Trois ans plus tard, avec Charlotte Légaut, auteur, illustrateur et clown, il a inventé l’ « Etrange Passage » qui fut joué au caveau Magenta deux saisons durant. Puis Charlotte est partie, non sans laisser une superbe identité graphique à la compagnie. Et Edmond a monté « Démon », en solo, « pour dire au revoir à ce qui [l]’avait intéressé jusque-là en tant que clown ».

Depuis, ils sont six dans la compagnie et poursuivent un travail d’expérimentation sur le « t’chi clown ». Un mot composé avec ce mot « clown » dont on a tendance à oublier qu’il veut dire « jeu » et avec l’expression « t’chi » dérivée d’ « énergie ». Le « t’chi clown » serait donc « le jeu avec les énergies ». un jeu largement inspiré d’une formation en taï chi chuan qu’avait suivie l’acteur dès 1993. Il en a tiré une activité clownesque nouvelle basée sur le travail corporel, l’improvisation et la rencontre avec l’autre. Le jeu t’chi nécessite des codifications gestuelles. Dans le respect de ces dernières, l’acteur, qui a toujours son nez rouge, doit être à l’écoute de ses sens et de ses émotions alors qu’il improvise des moments de jeu. Puis il part à la rencontre d’un spectateur occasionnel.

Rendre le spectateur actif.

Avec des stagiaires réguliers, Edmond Morsilli a déjà eu l’occasion d’intervenir, sur la base de ces intentions, sur la place Saint-paul à Lyon, ou encore dans la gare de la part-Dieu. Les joueurs de t’chi clown engagent avec leur corps des dialogues muets, se laissant guider par leurs émotions. Leur objectif est de renvoyer en miroir le comportement du spectateur. « L’intention est toujours de rendre ce spectateur actif à son tour », insiste Edmond Morsilli qui aimerait bien multiplier ce type d’interventions lors de manifestations, qu’elles soient en salle ou à l’extérieur.

Pour l’instant, il propose des ateliers et des stages – y compris des stages de découverte – où des exercices simples permettent aux participants d’accéder aux règles du jeu t’chi avant de donner libre court à leur « foliberté ». Avec le groupe régulier de travail, il propos pour cette saison une représentation intitulée « Dimouv’ » un dimanche par mois. La première a lieu ce 24 novembre et se déroule en trois temps. Après une présentation « légèrement illustrée » du t’chi clown par Edmond Morsilli, les joueurs donneront libre cours à leurs improvisations corporelles. Le spectacle s’achèvera avec des duos et des trios d’artistes pluridisciplinaires.

Daniels Devinaz

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